Portrait de femme : Interview d’Hanny

Aujourd’hui, les évènements pour Octobre Rose * doivent résonner plus fort que jamais et comme vous nous connaissez maintenant vous savez que la place des femmes dans le monde de la moto nous tient particulièrement à cœur. C’est pourquoi nous vous proposons cette semaine l’interview d’une femme bikeuse dans le monde de la moto, pour prouver à toutes et tous que ce n’est pas un monde réservé à la gente masculine.

AMT: « Tout d’abord merci d’avoir accepté notre invitation, nous mettons un portrait de femme motarde en avant et sommes ravies de pouvoir vous compter parmi elles, en particulier en cet Octobre Rose  :

Déjà, peux-tu te présenter et à quel âge as-tu commencé la moto ? :

Je m’appelle Hanny, j’ai commencé la moto à 42 ans, j’en ai 60 maintenant…

Et qu’est-ce qui t’en a donné l’envie ? 

J’ai été longtemps le « sac de sable » (passagère) de mon conjoint, et c’est lui qui m’a donné confiance et soutenue pour passer mon permis. Je pensais vraiment que ce n’était pas pour moi car je ne mesure qu’un mètre 55 et bien que sportive, toutes les motos me semblaient trop lourdes pour moi.
A l’époque il y avait encore assez peu de femmes motardes.

Le super conseil de Fab, mon conjoint : acheter d’abord une 125 pour se lancer. Il m’a dit : « si tu te sens bien mais que tu en as marre de te faire doubler par les camions, alors tu es prête à passer ton permis » !  J’ai acheté une YAMAHA Dragstar que j’ai eu à peine un an… Je me souviens encore d’un Paris – Montpellier qui m’a fait comprendre que OUI j’allais devenir motarde coûte que coûte ! Le permis n’a pas été simple (dont un essai où même mon moniteur m’a dit que visiblement j’étais victime de sexisme !), j’ai failli renoncer mais Fab m’a encouragée à changer d’école et à recommencer, et puis le grand jour est arrivé après 2 tentatives !

Sur quelle moto roules tu ?

Après de nombreuses années en Kawasaki (ER6 N puis F), j’ai fait un road-trip aux Etats Unis (avec nous NDLR😏), et à mon retour j’ai craqué pour une INDIAN Scout (le custom que j’avais loué là-bas). Aujourd’hui, je suis toujours sur une INDIAN : la Chief Bobber Dark Horse. Un gros moteur, avec un look très américain mais une conduite facile et du pur bonheur à piloter !

Dans ce monde masculin en tant que femme motarde, as-tu eu du mal à te faire une place ?

J’ai été très agréablement surprise, dès le début, par la réaction des copains motards. J’ai beaucoup roulé en club et j’avoue avoir toujours été soutenue, aidée, encouragée. Je provoquais plutôt l’admiration que l’amusement et j’en étais très fière !

Fab m’a pas mal appris et m’a consacré des heures d’apprentissage à mes tous débuts (démarrage en côte, freinage d’urgence, évitement…), je lui dois beaucoup dans cette aventure.

As-tu constaté une évolution ces dernières années ? (gabarit moto, choix des vêtements, équipements …)

D’un point de vue tout à fait personnel je me sens bien dans le monde des motards aujourd’hui. Il y a beaucoup plus de choix de motos qui me sont accessibles, sans doute que l’expérience y est pour quelque chose. Mais surtout, je ne suis pas obligée d’avoir ce look très masculin de mes débuts ! J’ai personnalisé ma Chief et j’adore son look, idem pour le blouson ou les bottes, j’ai toujours un petit accessoire très féminin et je me sens bien comme ça !

Tu es la première présidente d’un Club « groupe de rider Indian » (NDR: IMRG : Indian Motors Riders Group) à Montpellier, les « Oc Riders », toutes nos félicitations ! Peux-tu nous en préciser les circonstances, as-tu hésité avant d’accepter le poste ?

La présidence des Oc Riders (IMRG Montpellier) n’a pas été évidente pour moi, même si le nombre de motardes chez les Oc est supérieur a beaucoup de clubs (6 actuellement) on ne peut pas nier que cela reste un monde très masculin. J’ai été la trésorière du club pendant pas mal d’années et c’était bien ainsi. Mais quand le précédent président a décidé de démissionner, j’ai œuvré pour lui trouver un remplaçant, sans imaginer un instant que je pouvais prendre cette responsabilité. Je ne le souhaitais pas vraiment mais visiblement pour pas mal de copains du club, c’était une évidence (et sans nul doute, une facilité !).

Je suis très attachée à mon club (j’étais là à sa création), alors je n’ai pas dit non, embarquant avec moi dans cette aventure mon copain.

Animer un groupe de plus de 50 adhérents, cela représente beaucoup d’heures de travail… pour donner de la vie à notre passion commune. Il faut préparer des roads, anticiper un programme annuel, être à l’écoute des attentes, faire vivre aussi la convivialité et la tolérance, innover… Cela va bientôt faire un an et je suis assez fière du chemin parcouru. J’ai réussi à impliquer davantage de monde même si nous manquons encore de bonnes volontés, à imposer une organisation, à faire des projets (comme un road-trip américain).

Les présidents IMRG de France m’ont super bien accueillie. Aujourd’hui une fille motarde est prise au sérieux. Beaucoup d’adhérents Oc Riders se disent fiers d’avoir une présidente mais savent qu’on ne peut pas parler mécanique avec moi !!!

Quelle serait la moto de tes rêves ?

La moto de mes rêves est celle que je pilote aujourd’hui, très sincèrement ! Si je devais changer un jour, ce serait pour une autre INDIAN, plus légère peut-être, mais je suis tellement fière de piloter un 1900, moi la petite Hanny !!!

Quels sont tes meilleurs souvenirs à moto ? 

Dans la catégorie « mes meilleurs souvenirs à moto » il y a beaucoup de choses… Tout d’abord notre road-trip américain bien sûr, avec AMT, en 2016. Comment pourrait-il en être autrement ? C’était tout simplement MAGIQUE ! La Corse aussi : un rêve pour les pilotes dans un cadre sublime.

En 2019, j’ai participé au Women Riders World Relay (WRWR); Il s’agit d’un relais « cycliste » féminin mondial, couvrant même les régions les plus reculées et les plus vastes de notre monde. Les femmes passent le flambeau d’un « voyage » à travers le monde, par exemple : Londres à Paris, Paris à Berlin. Pour ma part j’ai roulé avec 10 femmes pour passer le relais de Montpellier à Menton. Il y avait plein de motos différentes et des motardes très attachantes. Mais, je l’avoue, la mixité c’est mieux !

J’ai la chance de partager cette passion avec mon copain. On peut décider à tout moment de s’évader tous les deux. C’est comme ça que nous avons fait un « tour de France à moto » riche de rencontres et de découvertes. A l’époque nous étions tous les deux en KAWA.

Et notre région (Montpellier) offre tellement de possibilités à moto, avec un climat plutôt clément, qu’une virée dans les Cévennes, sur la côte ou dans l’arrière-pays sont à chaque fois un vrai plaisir.

Quels conseils donnerais-tu à de jeunes motardes ? Une moto de prédilection pour débuter ?

Si je devais donner des conseils à une jeune motarde je dirais qu’il faut bien choisir sa moto. Être à l’aise et se sentir en sécurité sont des points essentiels pour progresser, alors il faut se faire la main sur une bécane sans prétention (au niveau puissance, poids, garde au sol) avant d’opter pour la monture de ses rêves. Et puis : rouler, rouler et encore rouler. A mon avis, l’adhésion à un club ne doit se faire qu’après quelques années en solo ou en duo. En effet, il n’y a rien de pire que de vouloir « suivre à tout prix » ! Chacun son rythme, chacun ses petites faiblesses, et on en a tous ! Mais par-dessus tout : CROIRE EN SES RÊVES !

AMT: Merci beaucoup Hanny de nous avoir accordé cette interview, qui ne manquera pas d’inspirer de futures motardes (à n’en pas douter) et à bientôt sur les routes ✌️

* Pour rappel octobre rose est une campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. De nombreuses manifestations sont organisées durant tous le mois d’octobre, et notamment des événements « motardes », comme les balades moto qui ont eu lieu dans plusieurs villes de France.

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3 octobre 2022 AMT 1 Comment

One Comment

  1. melin gerard

    octobre 7, 2022

    super hanny tu est la meilleur

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